Annamaria Mitterrand
Gouverneur de l’Université Hébraïque de Jérusalem
Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres


annamariamitterrand@gmail.com
Site l’actualité vue par Anne-Marie Mitterrand : https://annemariemitterrand.net/
Site Abraham et Anne-Marie : https://abrahametannemarie.com/

À LA RENCONTRE DE JÉRUSALEM


ÉPISODES


1ER ÉPISODE : DE L’ORIGINE DU JUDAÏSME AU PREMIER ANTISÉMITISME

2000 ans avant Jésus-Christ, Abraham et sa famille habitaient la Mésopotamie. Son père Théra, polythéiste idolâtre fabrique avec dévotion des quantités de statuettes représentant les Dieux païens. Un jour, Abraham, soutenu par une énergie céleste, s’emporte et prend le risque de détruire les idoles exposées dans le magasin paternel. Alors ! Il entend une voix qui vient du ciel, celle de l’Eternel lui conseille de quitter la région en vitesse. Le Monothéisme est né. Aussitôt Abraham se met en route avec sa femme Sarah, son personnel, des amis, et de quoi subsister… Attristé par la disparition de son frère Haran qui lui a confié son fils Lot avant de décéder, brouillé avec son deuxième frère Nahor après une grosse dispute, mais content quand même de partir à l’aventure, il s’installe bientôt au Pays de Canaan.
Miracle. La Voix de l’Eternel s’adresse à celui qu’il a désigné comme son représentant ici-bas :
« A toi et à ta descendance après toi, je donnerai le pays où tu séjournes, tout le pays de Canaan, en possession à perpétuité, et je serai votre Dieu. » Et voilà, Dieu s’est révélé à Abraham. Tout est en ordre.
Sa femme Sarah, stérile, ne pouvant lui offrir la descendance prévue par l’Eternel est assez pragmatique pour accepter une mère porteuse. Abraham a 86 ans quand Agar, la servante Egyptienne donne le jour à son fils ainé, Ismaël.

Heinrich Bunting – Carte du monde 1581

Sarah avare de reconnaissance à Agar, celle-ci se sauve avec son fils. Mais le bon Dieu ne l’entend pas ainsi, il exige de Sarah, qui lui obéit, ses excuses à la servante. Pour récompenser Sarah, Dieu, d’une étreinte céleste donne au couple presque centenaire un fils : Isaac, un Juif circoncis comme – désormais – le seront tous les garçons du peuple Juif. La vie s’organise à Canaan, les rites se mettent en place, prières, sacrifices, repas Kasher et comme le Bon Dieu en a donné l’exemple, à l’apparition de la troisième étoile, le septième jour de la semaine, silence : on arrête de s’agiter pour consacrer son temps à la prière, la lecture et la réflexion. Shabbat sera désormais suivi en reconnaissance à la création du monde par Dieu.
Cependant, l’Eternel, insatiable, pour éprouver la fidélité d’Abraham lui impose le sacrifice d’Isaac. Les voilà partis vers le Mont Moriah avec mouton et serviteurs. Isaac accepte d’être offert en holocauste par son père. Mais… Retournement divin : au moment où Abraham lève son bras pour exécuter son fils, un envoyé de Dieu, l’Ange Céleste retient son geste. En guise de gratitude, Abraham immole un bélier qui, « comme par hasard » se trouvait là. Sur ce lieu béni, Salomon premier roi des Juifs, promoteur d‘avant-garde bâtira les fondations du temple autour desquelles se construira Jérusalem, Ville Sainte et Juive.
Merci mon Dieu. Néanmoins… Le prix est lourd à payer. Tous se pressent aux portes de la ville. Ce n’est pas grand mais somptueux, l’admiration coupe le souffle. Hélas, la beauté majestueuse de Jérusalem et la spiritualité qui en émane, génèrent l’envie.
La Rochefoucauld le dit : « L’envie est plus irréconciliable que la haine ».
L’Antisémitisme est-il né lors de cette jalousie naissante ? Les innombrables actes antisémites dénombrés dans le monde depuis cette époque, ont-ils un rapport avec la reconnaissance du Bon Dieu à l’obéissance d’Abraham?
La phobie du judaïsme est fichtrement solide : Conquérir le Royaume d’Israël est plus qu’une conquête territoriale, c’est aussi affirmer sa supériorité sur le Dieu unique des Juifs. Insulter, agresser, assassiner les Juifs est la poursuite des invasions barbares et intolérantes aux différences.
C’est la répétition du racisme criminel.

FIN DU 1ER ÉPISODE

2ÈME ÉPISODE : L’EXODE D’EGYPTE

J’ai parlé dans mon livre – Musique Russe – de l’indifférence qui régnait autour des violences infligées aux Juifs pendant les années qui ont précédé la dernière guerre de 39/40  « On n’a rien dit, on n’a rien fait… » Aujourd’hui pas davantage de réaction pour défendre nos concitoyens de confession Juive contre les actes antisémites qui se perpétuent avec une recrudescence inquiétante. Juste quelques exemples parmi les autres : Graffitis injurieux, insultes verbales, le portrait de Simone Weill tagué en février 2019… Finkielkraut agressé en mai… Retenons également les répétitifs outrages aux sépultures juives, en Charente, à Bordeaux, à Cognac, et ailleurs ! Dernièrement, la profanation du cimetière Juif Westhoffen en Alsace le 3 décembre 2019, des croix gammées tracées en noir sur plus de cent tombes. Comment peut-on attaquer des morts ?

Pour clore cet inventaire très raccourci,  je termine par ce 19 décembre : deux ans et demi après l’assassinat de Sarah Halimi, rouée de coups et défenestrée par Kabili Traoré au cri de « Allah… Akhbar », la cour d’appel de Paris a conclu initialement la non responsabilité pénale du criminel ! Sous l’effet de substances illicites l’assassin n’était pas responsable. « C’est pas ma faute » a-t-il plaidé, et le voilà absous. À bon entendeur : Suffit de se défoncer comme il faut, pour tuer son prochain en toute impunité! Un jeune garçon, d’une autre confession, jugé pour le même crime aurait-il été si facilement pardonné ? 

Peu ou pas de réaction à toutes ces infamies. Paralysé par la peur, on ne dit rien, on ne fait rien.

Nous, les êtres humains du monde entier, quelles que soient nos différences sociales ou religieuses, unissons- nous pour combattre la haine déployée contre un peuple qui ne l’a pas motivée, en tous les cas pas à l’époque d’Abraham comme nous l’avons constaté dans le premier épisode de ma quête de vérité, pas davantage à l’époque de Moïse et de l’exode du peuple juif d’Egypte comme vous allez le lire dans le texte que je vous propose ci-dessous.

L’EXODE D’EGYPTE

Quelque part au bord du Nil, 1500 ans avant Jésus-Christ,  des parents Juifs craignant de se faire assassiner par des barbares polythéistes, pour sauver leur fils, le couchent dans un panier en osier qu’ils abandonnent au gré du courant.

Beaucoup plus loin, en Egypte, des gens de la cour du Pharaon Ramsès honorent leurs nombreuses idoles. Soudain à la vision d’un couffin qui dérive sur l’eau, la reine interrompt la cérémonie païenne. Aussitôt récupéré par  deux  serviteurs qui le ramènent à Asiyah, l’épouse du souverain Egyptien ouvre le berceau, et le bonheur l’envahit, son bébé se nommera Moïse, Moïse est arrivé, Moïse sauvé des eaux.

Devenu un jeune homme très intelligent, il est l’éminence grise du Pharaon. Entouré par la jalousie, il doit prouver son intégrité. Dans la salle du trône en présence du souverain, des courtisans lui ont tendu un piège pour l’exclure de la cour. Deux vasques sont posées sur une console, l’une débordante de rubis, l’autre de charbons ardents. Pharaon l’incite à se servir à sa guise: «Tout t’appartient.»  Moise dirige instinctivement son avant-bras vers les pierres précieuses; mais Dieu dévie son geste en direction des braises incandescentes. Moïse porte l’une d’elles à sa bouche et se brûle atrocement. Le voilà condamné au bégaiement pour toujours. Acceptant son handicap, Moïse devine qu’un pouvoir surnaturel veille sur lui.

Pour affirmer leur suprématie des conseillers, vexés, jettent aux pieds du pharaon leurs bâtons qui se transforment en serpents. Un envieux provoque Moïse : «  Puisque ton Dieu est si fort, qu’il essaye de faire comme nous ! » Celui-ci jette son bâton qui se transforme en serpent. Le reptile avale aussitôt ses congénères.

Convaincu d’être l’incarnation de Dieu sur terre, Moïse se sent invincible. Il exige du Pharaon la libération de ses frères asservis qui s’échinent à construire les pyramides des dynasties Egyptiennes, véritables  tombaux  cinq étoiles. – Let my people go ! Le Pharaon lui tient un langage résolu : « Je veux garder mes Juifs. » Moise en pétard promet alors les pires catastrophes qui frappent effectivement l’Egypte les unes après les autres : fleuves de sang… invasions de grenouilles morfales, essaims de moustiques assoiffés… Troupeaux décimés… Les Egyptiens plein de pustules… Et… horreur suprême ! Mort de tous les premiers-nés dont le fils aîné du Pharaon.

Ramsès tient à conserver ses Juifs tant qu’il peut les exploiter à son gré mais commence à prendre en grippe ses divinités en grève permanente ! Au trépas de son enfant le boss craque et donne enfin satisfaction à Moise qui s’en va, suivi par ses frères. L’exode d’Egypte du peuple juif commence.

Guidés par Moïse, les Hébreux progressent dans le désert jusqu’à la mer Rouge. La situation est grave, d’un côté la mer et de l’autre un nuage de sable révèle l’avancée de l’armée Egyptienne. Il y a de quoi paniquer. Comment le dieu bien aimé de Moïse peut-il les sauver? Impossible de traverser la mer à la nage ! Moïse, animé par une force surnaturelle, fend les eaux de la Mer Rouge, et ouvre un passage au sec !

Malgré la peur que ce miracle ne tourne au drame mais fortement encouragé par son chef, le peuple juif se met en marche vers la rive d’en face tandis que derrière eux les eaux se referment et engloutissent l’armée Egyptienne.

Les Juifs, dubitatifs, ont faim, – Notre berger saura-t-il nous nourrir ? – Perdu dans ses pensées, Moïse s’interroge également, dans quoi s’est-il embringué ? « Dieu, aide-moi », prie-t-il. Il est entendu, à portée de son regard un buisson qui brûle mais ne se consume pas, c’est un signe de là-haut. Il s’approche. Des flammes surgit un ange qui le promeut berger du peuple de Dieu. Et dans la foulée la manne tombe. Cependant, le Tout-Puissant, vexé par leur scepticisme, prolonge leur errance pendant quarante ans avant de leur pardonner. Il alors convoque Moïse au Mont Sinaï et lui confie les Tables de la Loi ; en son absence le peuple Juif a construit un veau d’or qu’il vénère. Ivre de rage Moïse brise les Tables sacrées.

Décidément Dieu est bon, il offre une nouvelle chance à son représentant. A lui d’éduquer ses fidèles dans le respect de Sa Personne Divine. Moïse d’une voix tonnante les harangue vertement. Pour le récompenser de son éloquence qui s’avère efficace, Dieu le rappelle au Mont Sinaï et lui délivre un second exemplaire du code de déontologie. Le peuple sera divisé en 12 tribus, les tables de la loi seront rangées dans un tabernacle au centre du lieu de prières. Tout va bien. C’est oublier que les hommes sont exigeants, il fait chaud, ils ont soif, il n’y a pas d’eau. Le Tout Puissant leur doit assistance. Moïse une fois de plus intervient auprès du créateur qui lui ordonne de toucher de son bâton un certain rocher d’où jaillira une source. Mais Moïse excédé, fatigué de jouer les go-between, tape le rocher au lieu de le caresser gentiment. La disgrâce céleste lui tombe dessus. Il est foutu. Il pilotera ses frères jusqu’aux portes de la terre promise, verra le pays de Canaan mais ne pourra jamais y accéder. L’exode d’Egypte du peuple juif prend fin.

À mon sens, en tant que chrétienne je ne vois pas dans l’histoire de Moïse, et l’exode d’Egypte, une seule raison pour laquelle l’antisémitisme prendrait forme. Pas de quoi être jaloux de ces juifs heureux de rencontrer un guide qui s’acharne à aider ses frères à quitter un pays où ils sont assujettis par des pharaons autoritaires et ingrats. Moïse est formidable, déterminé et endurant face aux épreuves que lui envoie à répétition son Dieu si bon. Comment ne pas être admirative de cet homme qui incarne le courage et la ténacité ?

En tous les cas Moïse, énergique et combatif ne peut inspirer aucune sorte d’ostracisme. Ce juif rebondissant qui surmonte ses angoisses pour sauver son peuple est digne de respect. Et ces braves gens de confession juive, dans l’errance depuis des années qui enfin se posent à Canaan n’ont rien fait qui puisse engendrer l’antisémitisme.

À la fois catholique et protestante, une personne comme les autres, je ne vois pas en quoi le peuple Juif s’est mal conduit et devient la cible préférée du monde entier ! Je ne suis peut-être pas assez instruite, et si certains d’entre vous parmi mes amis, pensez différemment faites-moi part de votre sentiment.  Quel qu’il soit, j’espère de vos nouvelles.

FIN DU 2ÈME ÉPISODE

3ÈME ÉPISODE : LES PREMIERS ROIS

Nous sommes tous relégués dans la solitude du confinement dû au Covid 19, pas exactement à la même enseigne car le mal-être dépend fortement de la taille de l’appartement dans lequel on est enfermé. N’empêche, moralement c’est éprouvant pour tout le monde ! Une raison de se retrouver sur mon site
« Abraham et Anne-Marie » et reprendre ma quête de vérité sur les fondements de l’antisémitisme, qui revient en force à l’occasion de l’épidémie de Coronavirus. Il y a un mois, avant le confinement, j’étais certaine que ce coup-ci, aussi fatal était-il, il n’y avait aucun risque de chercher un coupable à une catastrophe naturelle. Horrible erreur ! Rien n’a changé ! Irréversible, Le juif demeure seul responsable des malédictions que le ciel envoie sur le monde.

Des centaines de tweets antisémites publiés, des vidéos Youtube visionnées des milliers de fois, likées par des milliers d’adhérents, largement relayées, avant que le Bureau National de Vigilance Contre l‘Antisémitisme (BNVCA) ne dépose plainte auprès du procureur de la République de Paris, qui en a ordonné la suppression. Une décision normale, mais non suffisante pour pardonner ce qui a été dit et écrit.

Il faut que chacun de nous prenne conscience de la haine qui s’est déchaînée dans des termes horribles sur les réseaux sociaux en particulier sur Facebook quand Alain Mondino a relayé une vidéo raciste nommée « Corona virus pour Goy » qui défend la « théorie » antisémite et complotiste selon laquelle le Coronavirus aurait été mis au point par les Juifs dans le but d’asseoir leur suprématie. Eternel recommencement !

Le stéréotype indigne, selon lequel « le Juif est riche » est solidement ancré dans les esprits. La pandémie Covid 19, ben voyons ! C’est « la faute à » la juiverie internationale riche et nantie, les juifs promoteurs du capitalisme mondialisé veulent tirer profit de la situation. Comme la peste noire avait surexcité la haine et la furie contre les juifs de 1347 à 1352, aujourd’hui, en 2020, l’épidémie de Covid-19 fournit l’occasion de les criminaliser une fois de plus.

On doit tous se battre contre l’ignoble résurgence de l’antisémitisme qui s’est exprimée ces derniers temps avec une violence qui fait peur : Insultes horribles… Blagues éculées à propos du nez, sur le modèle des caricatures des années 1930 avec le logo de la république Française !… Publications dignes des journaux Nazi, de quel droit y sont cités des noms de famille sans l’autorisation de celui qui le porte ?!  Il faut démolir les théories conspirationnistes répandues sans le moindre fondement que celui de faire du mal à des gens eux-mêmes victimes de l’épidémie. Nous devons refuser ce déferlement de propos, de gestes, de vieux clichés dégoûtants et de bons mots qui se veulent drôles du genre : « Maréchal au secours… Ah Ah ! » Lamentable !

Moi, Anne-Marie Mitterrand, qui a si souvent dénoncé l’indifférence muette des Européens en 40, je ne peux à mon tour m’y résigner sans rien dire. À mon modeste niveau je veux dire NON. Les commentaires que j’ai relevés dans les réseaux sociaux, ne sont hélas pas de fumeuses inventions, honte à ceux qui les ont écrits, honte aussi au grand nombre de gens  qui les ont approuvés. Certes chacun a mieux à faire que de se pencher sur le problème de l’antisémitisme, de toutes façons insoluble est-il ajouté pour avoir la conscience tranquille. La haine du Juif traverse les époques, éclate et s’exprime méchamment à chaque fois qu’une calamité s’abat sur cette basse terre, la responsabilité en revient aux juifs. Nous ne devons plus admettre cette fatalité.

La France, pays du déni – Refusons cette affirmation. Qui ne dit mot consent. Ne soyons plus des consentants. Ne laissons pas les messieurs Soral… Dieudonné… Mondino… et autres extrêmes  gauchards diriger notre pensée. Peu importe la religion à laquelle on appartient, nous devons rester des êtres humains, frères dans l’humanité. Mais l’avons-nous jamais été ? Malheureusement, pas toujours ! Il faut mieux que je me taise maintenant, parce que, au fur et à mesure que j’écris, ma colère monte. Dis rien… Dis rien… me répète-t-on. Mais si, il faut dire et crier et hurler plus fort que les salauds ! Nous, les non-juifs de tous les pays, nous ne devons pas nous taire… Stop avec le politiquement correct… Jésus était Juif…Les catholiques le vénèrent, ils peuvent se réveiller pour défendre son peuple. Nous n’aurons pas l’excuse de ne pas savoir puisque nous savons ce qui s’est passé lors de la dernière guerre. Il en va de notre devoir d’empêcher l’antisémitisme de grandir et s’étendre. Un état de fait qui ne date pas d’aujourd’hui.

On accusait déjà la race maudite de tous les maux il y a plus de 3.500 ans, bien avant l’époque où Moïse conduisit le peuple d’Israël hors d’Egypte vers la Terre Promise, le pays de Canaan dont l’accès lui sera interdit à jamais. Dans son immense bonté Dieu offrit à Moïse une vue imprenable de la Terre Promise, depuis le sommet du mont Nebo, en Jordanie, avec un panorama du pays de Canaan et, au nord, s’étend un paysage sur la vallée du Jourdain. Sur cette montagne, le bébé un jour sauvé des eaux du Nil termina ses jours paisiblement. Moïse a les cheveux blancs, Moïse a fait son boulot, Moïse attend la mort. Et il va attendre longtemps pour rejoindre Dieu à l’âge canonique de 120 ans bien tassés, vers 1270 avant JC. Non, ce ne peut être notre cher Moïse qui a suscité l’horrible antisémitisme qui sévit depuis toujours  sous n’importe quel prétexte.

C’est durant cette période que la région connut de nombreux conflits entre les maisons d’Israël et de Judée, contre  les différents royaumes et tribus qui les entourent : Moab et Edom, la Jordanie actuelle, Amon et Aram-Damas, devenus la Syrie, et les tribus arabes, philistines et araméennes qui se disputent sans résultat la région occupée par les Juifs ! Des guerres multiples sans vainqueurs ni vaincus. Est-ce depuis ce temps-là que le peuple d’Israël est accusé de vouloir conquérir cette partie du bassin méditerranéen ? Serait-ce la base de l’antisionisme ?

Ces hostilités étaient menées de manière désorganisée et peu efficace par les juges bibliques qui continuent de gouverner les tribus d’Israël, depuis la conquête de Canaan  remportée  par Josué jusqu’à la formation du premier royaume d’Israël et de Judée.

Dieu commence à en avoir assez de ces bagarres permanentes et prévoit de mettre en place un roi pour résoudre cette situation. Qui de mieux que Samuel, le faiseur de rois reconnu, et prophète de son métier, pour trouver le candidat idéal. Une nuit, à trois reprises, une voix le réveille dans son demi-sommeil. C’est le Seigneur qui s’impatiente, plutôt nerveux. Samuel, perplexe, se demande comment répondre: « Parle, Seigneur, car ton serviteur entend ». Le bon Dieu l’informe alors que la méchanceté des fils d’Eli a entraîné la condamnation de leur dynastie à la destruction. Samuel va jouer alors un rôle clé dans la transition d’un gouvernement tribal vers l’institution d’un royaume sous Saül, premier roi d’Israël vers -1020 av JC, et plus tard dans le passage du relais à David.

Samuel se faisant vieux et ses fils n’ayant pas la faveur du peuple pour lui succéder, Dieu lui conseille d’accéder aux demandes du peuple d’Israël : « on veut un vrai roi ! ». Samuel avertit alors les Hébreux des risques générés par un nouveau roi au pouvoir, mais ceux-ci, devant la menace des Philistins, ont besoin d’un chef pour assurer les combats.

Les Philistins fourbissent leurs armes avant la bataille contre le roi Saül au mont Mikmar

C’est ainsi que Saul arrive au pouvoir, pistonné par Dieu. Et déjà celui-ci lui donne sa première mission : tuer sans exception tous les Philistins qui ont oppressé le peuple d’Israël. Éconduits par les égyptiens, ils se sont fixés sur la bande côtière du sud-ouest de la terre de Canaan, dans une région longeant la Méditerranée depuis l’actuelle bande de Gaza jusqu’à Jaffa.

Mais le Très Haut n’est pas content, malgré les instructions qu’il a reçues, Saül ose épargner un homme : le  roi des Philistins. Il est viré pour désobéissance notoire ! Samuel est chargé de lui remettre sa lettre de licenciement. Saül éjecté, David sera son successeur. Le plus jeune d’une fratrie de 8 garçons, il n’est qu’un simple berger lorsqu’il terrasse d’une pierre à la tête le géant philistin Goliath. Un battant malgré son jeune âge ! Dieu, enfin satisfait,  envoie Samuel lui remettre l’onction royale.

David tenant la tête de Goliath
illustré par Le Caravage (1606-1607)

David, sacré roi des Judéens en -1002 av. JC, met en place une politique matrimoniale, entretient des relations diplomatiques et tente de rallier les généraux des armées d’Israël. Il réunit pour la première fois les maisons de Judée et d’Israël.

Les Philistins, inquiets de la puissance de David, l’attaquent près de Jérusalem, à la jonction de Juda et d’Israël. David les repousse à deux reprises et conquiert la ville de Jébus, qui deviendra Jérusalem, dont il fait sa capitale. Il fortifie la ville, après y avoir transféré l’Arche d’alliance, l’impose en tant que site religieux.

Ensuite il soumet Moab au tribut, un impôt très important,  puis engage une guerre sans merci contre le royaume d’Ammon, s’empare d’un énorme butin et s’autoproclame roi. Il établit une préfecture à Damas, et conquit le royaume d’Édom, qu’il dévaste. Des conquêtes consacrent la suprématie d’Israël. Sous le règne de David, toutes ces guerres entre toutes ces nations n’ont pas cessé, bien au contraire, et ce roi conquérant a attisé la colère des peuples arabes de la région.

Sacré bonhomme ce David, guerrier impénitent et coureur de jupons, sous de faux prétextes, Il va jusqu’à se débarrasser d’un homme pour lui piquer sa femme, Bethsabée, qui lui donnera un fils : Salomon.

Le serviteur de David venant chercher Bethsabée, Jean Masys 1562

À sa mort, David est à la tête d’un vaste royaume en pleine expansion économique. Les finances royales alimentées par les butins pris à l’ennemi et par les produits des biens de la couronne,  semblent assez considérables et fort  bien gérés. Il meurt à l’âge de 70 ans, le jour de Chabbath, le premier jour de Chavouot. Selon la Bible, il est enterré « avec ses ancêtres » dans la Cité de David. Son fils Salomon profitera de l’immense fortune amassée par son père pour réaliser son rêve : construire un temple dédié à Dieu, à Jérusalem.

Alors sont-ce les guerres incessantes, menées par un roi résolument guerrier, qui ne s’embarrasse pas de délicate diplomatie, qui ont engendré cet antisémitisme antijudaïsme que nous vivons aujourd’hui, 3000 ans plus tard ?

FIN DU 3ÈME ÉPISODE

4ÈME ÉPISODE : MYTHE OU RÉALITÉ ?

Depuis  mars, nous sommes cloitrés dans le confinement, du coup le roi Salomon et ses pairs  y ont
été relégués eux aussi,  il en va de notre devoir de les sortir de là, les vacances tombent bien, on a du temps pour lire et écrire. Je reprends donc le 4ème Episode de Abraham et Anne-Marie, toujours en recherche  des  causes  qui auraient pu engendrer l’antisémitisme. Nous avions terminé le 3ème épisode sur la mort du roi David en 970 av. JC, et l’avènement de son fils Salomon.

Il faut cependant rester lucide et s’interroger sur la véracité historique de ces faits. Les diverses difficultés rencontrées lors des fouilles archéologiques ont conduit à des chronologies et des reconstructions différentes entre lesquelles il est difficile de trancher.

Sous quelle pierre se cache la vérité ?

Selon l’approche traditionnelle, des dirigeants charismatiques tels que Saül, David et Salomon ont mis en place le premier État centralisé au Xe siècle av. J.-C. Selon d’autres théories, cette monarchie unifiée n’a aucun fondement. Ainsi, d’après Thomas Römer : «l’idée d’un grand royaume uni sous David et Salomon relève davantage de l’imagination des auteurs bibliques que de la réalité historique ». Tandis que pour l’archéologue israélien Israël Finkelstein, les premiers dirigeants israélites n’étaient à la tête que de chefferies sans administration avancée. Ils ne sont à l’origine d’aucune architecture monumentale, celle-ci n’apparaissant en Israël que beaucoup plus tard. Pour Amihai Mazar, il est impossible de distinguer les niveaux archéologiques appartenant au Xe siècle av. J.-C. de ceux du IXe siècle av. J.-C.

Suivant la théologie du livre des Rois, la monarchie est décidée par le dieu national Yahweh, celui qui n’a pas de nom mais un intermédiaire fort compétent : le prophète Samuel. La Bible explique que le royaume d’Israël se forme à la suite de l’assemblée de Sichem, la ville où le Bon Dieu parla à Abraham, (évoqué  dans notre premier épisode) 1000 ans avant le règne du roi Salomon. À la mort de ce dernier, le royaume d’Israël mené par Jéroboam, ancien exilé en Egypte, et le royaume de Juda dirigé par le fils de Salomon, Roboam, connurent un clash et c’est Israël qui l’emporte. Le nouveau royaume rassemble dix tribus israélites, face à Roboam, successeur légitime de la dynastie du roi David qui ne règne plus que sur les tribus de Juda, de Benjamin et sur les prêtres du temple de Jérusalem. En 933 av. J.-C., la séparation sera totale entre les deux royaumes frères : celui d’Israël et de Juda. Deux étendues désertiques sans réelle frontière.

Site archéologique de Khirbet Keyafa, royaume de Juda

L’histoire telle qu’elle est contée dans l’ancien testament présente cet acte comme une apostasie et une trahison envers Yahweh. La dynastie du roi David est garante de son lien avec le Bon Dieu et Jérusalem occupe une place centrale dans cette relation. Si un royaume a effectivement été mis en place par David et Salomon sur l’ensemble de la terre d’Israël, la sécession du nord montre que ce royaume n’avait pas d’unité, l’organisation mise en place par David et Salomon n’ayant pas réussi à fédérer les tribus du nord et du sud. En conséquence, la monarchie s’effondre à la mort du dernier des grands rois. Ensuite, des héritiers s’enchaînent dans le désordre jusqu’à l’arrivée de Omri, arrière-arrière-arrière-petit-fils de Salomon, en 876 av. J-C.

LA DYNASTIE D’OMRI

C’est à partir du IXe siècle av. J.-C. que les données archéologiques confirment sans ambiguïté l’existence du royaume nordiste d’Israël.
Au IXe siècle av. J.-C., la dynastie Omride voit la transformation du royaume d’Israël en une puissance régionale grâce à la politique d’alliance avec les royaumes voisins menée par Omri. C’est lui le véritable roi conquérant et non David, comme décrit dans la Bible. Cependant, la nouvelle nation est menacée à l’est par l’expansion de l’Assyrie, région qui s’étend aujourd’hui sur le nord de l’Irak et le nord-est de la Syrie. À la bataille de Qarqar, Omri et une coalition des petits États du Levant essaient de stopper l’avancée du royaume assyrien de Salmanazar III.
Malgré les nombreuses réalisations d’Achab, le fils ainé d’Omri, il est décrit par la Bible comme un roi faible, accusé d’avoir encouragé le culte du dieu cananéen Baal et en perpétuel conflit avec le prophète Elie. Pourtant les succès des premiers Omrides sont indéniables. Leur puissance nouvelle s’exprime par une architecture monumentale : des constructions magnifiques dans les grands sites du nord, à Megiddo, Jezréel et Hazor… À Samarie est construit le palais le plus grand de l’âge du fer au Levant. Nombreux complexes fortifiés qui permettent d’affirmer le prestige royal.

Reconstitution du palais de Samarie en 3D

La politique d’expansion du royaume d’Israël se heurte cependant aux forces araméennes du royaume émergeant de Damas avec qui il entre en compétition. La puissance croissante d’Aram – centre actuel de la Syrie – met fin au développement d’Israël. Vers 840 av. J.-C., le roi araméen Hazaël reprend le contrôle des territoires du nord-est, et détruit les centres israélites des vallées. Affaibli par les assauts d’Aram, le territoire d’Israël se réduit à la région autour de Samarie, située au cœur de l’état actuel d’Israël, à peine plus grande que Paris.

Est-ce la fin de l’état d’Israël ? Est-ce le début de l’antisémitisme ? Les hommes sont belliqueux et se sont toujours déchirés, sans pour autant engendrer un racisme haineux et persistant.

FIN DU 4ÈME ÉPISODE

5 ÈME ÉPISODE : LE PREMIER ANTISÉMITISME EST ARRIVÉ

Nous avons terminé le quatrième épisode sur la destruction des centres israélites des vallées par le roi araméen Hazaël au IXème siècle av JC. La terre d’Israël se retrouve réduite à la région autour de Samarie, située au cœur de l’état actuel d’Israël.

À peine un siècle plus tard, au 8ème siècle avant Jésus-Christ, selon la légende, les deux frères Remus et Romulus fondent Rome. La ville étendra son emprise sur le monde au cours des siècles à venir, d’abord sous la forme d’une monarchie, puis d’une république, et enfin d’un empire, qui finira par conquérir les autres peuples, jusqu’à sa chute en 476 après JC.

Durant cette période, les romains deviennent les maîtres du bassin méditerranéen, y compris la Judée, la Syrie, et la Palestine, et les Cathares. Ecrasés par la force militaire des occupants, les habitants se soumettent de mauvaise grâce à cette invasion d’un peuple qui impose ses lois et ses nombreux Dieux. Les Juifs, monothéistes depuis Abraham, sont outrés, choqués et refusent une si grande infamie en ne se convertissant  pas.

Prêtre égyptien Manéthon

Voici l’aube de l’antisémitisme tel qu’on le connait aujourd’hui en Europe. Déjà quelques siècles plus tôt, en Egypte, étaient apparus les premières traces de la haine du peuple juif, lorsqu’en 270 avant notre ère, un prêtre égyptien Manéthon propageait fables et fausses accusations envers les hébreux, parmi lesquelles celle qui dénonce l’Exode. Débordant d’imagination, cet homme soumis à des dieux multiples affirme que les juifs auraient été des lépreux chassés d’Egypte. La réalité se situe probablement dans l’opposition de deux religions, l’une polythéiste et l’autre monothéiste. Entre un panthéon de divinités et un dieu unique.

Jusqu’à présent, la plupart des écrivains païens, tels que les grecs Aristote, Théophraste, Cléarques de Soles, et d’autres, parlaient positivement des hébreux. Il s’opère alors une inversion surprenante, que l’on ne s’explique pas encore aujourd’hui : La plupart des évocations du peuple juif devinrent calomnieuses, incitant clairement  leur ostracisassion.

« Le juif » soudain sévèrement  discrédité est traité de misanthrope, mauvais/méchant, il refuse de se plier aux lois et législations, vigoureusement réfractaires aux normes sociales.

« Si Jérusalem a pu être facilement conquise par les rois grecs en 320 av JC, c’est parce que les juifs observaient le Shabbat » prétendent plusieurs historiens grecs au cours de la période hellénistique, pointant ainsi du doigt les «pratiques ridicules des Juifs et l’absurdité de leurs coutumes». Ainsi se propagea la haine et la méfiance envers le peuple juif.

La Destruction du second temple de Jérusalem – Francesco Hayez

Hécatée d’Abdera, historien Grec, au 3ème siècle avant notre ère ose écrire que « Moïse pour ne pas oublier l’exil de son peuple, institua pour eux un mode de vie asocial et inhospitalier ».

Quelques décades plus tard, en 167 av JC, le roi grec Antiochus IV, dans sa volonté d’étendre son royaume et de résister à la menace du conquérant Romain, fit d’abord le ménage chez lui en sapant l’influence des Juifs sur ses propres territoires.

Ce scélérat profana le Temple de Jérusalem, interdit les pratiques religieuses juives, telles que la circoncision, l’observance du Shabbat et l’étude des livres hébraïques. Ce fut le premier édit officiel d’oppression du peuple juif, qui resta en vigueur pendant la période où la Grèce antique dominait la Méditerranée orientale : -Antisémite flagrant-.
Cette loi déclencha en Judée, une révolte des -Macchabées- première famille juive à résister à la politique d’intégration pratiquée par les grecs. Cette rébellion fut violemment punie par le roi grec.

La révolte des Macchabée en 167 av. JC

On retrouvera plus tard d’autres déclarations propageant des préjugés envers les Juifs dans les écrits de quelques auteurs païens grecs ou romains. Cependant la première apparition de l’antisémitisme fait toujours l’objet de débats parmi les savants, en grande partie parce que les écrivains utilisent des définitions différentes de l’antisémitisme : Antisionisme… antijudaïsme… antisémitisme religieux… utilisés pour désigner l’animosité envers le judaïsme en tant que religion plutôt que d’afficher clairement la haine raciale.

Ce sera avec l’avènement de l’empire romain que l’on verra un antisémitisme formalisé se mettre en place, relayé ensuite dans toute l’Europe moyenâgeuse.

L’oppression subie par les juifs se perçoit d’abord en Egypte 300 ans avant notre ère, se confirme en 167 av. JC avec les premiers décrets contestant les traditions juives. Seule différence, aujourd’hui, juifs et chrétiens sont soumis à même traitement.

N’est-il pas grand temps de – ensemble – se serrer les coudes. OK ?

FIN DU 5ÈME ÉPISODE

6 ÈME ÉPISODE : LA DESTRUCTION DE JÉRUSALEM

À la fin du  5ème épisode  de la série Abraham et AnneMarie l’hostilité à l’égard des juifs se confirme par la contestation de leurs traditions : En 139 avant JC, les Juifs ont été expulsés d’Alexandrie après avoir été accusés de prosélytisme.

Alexandrie au début de notre ère

Toujours à la recherche des causes de l’antisémitisme, nous débutons le 6ème épisode en l’an 12 de notre ère sous le règne de Gaius Caligula empereur romain en fonction de 12 à 41 après JC alors que Rome règne sans partage sur le monde. En 19, comme ce le fut pour des raisons similaires plus de cent ans avant Jésus, les juifs sont à nouveau chassés d’Alexandrie par Tibère. Ultérieurement, en l’an 38, ils sont victimes de l’agression provoquée par un groupe d’Egyptiens hellénisés. L’ostracisme à l’encontre des juifs s’installe. S’ensuivent pillages et massacres : le premier pogrom de l’histoire enregistrée,  qui aboutit au confinement des Juifs dans un ghetto,  et marque le début des relégations  forcées auxquelles seront soumis les juifs pendant 2000 ans. Le peuple hébreu a le courage de tenir à ses convictions religieuses et à ses coutumes, mais n’essaie pas de les imposer par la force;  c’est tout à son honneur de rester  fidèle à sa foi en dépit des dangers qu’il encoure. Certainement pas une raison d’en vouloir à la communauté juive jusqu’à la séquestrer dans des espaces clos.

Ponce Pilate et Jésus

L’aversion que suscitent les juifs est entretenue par des  croyances calomnieuses,  préjugés inébranlables et ignobles accusations comme celle d’être Déicide. À cause de ce malheureux Jésus, lâchement abandonné par Ponce Pilate, préfet de la province de Judée, qui ordonna l’exécution et le crucifiement de ce prédicateur juif. Puis « il s’en lava les mains » et laisse agir ses sous-fifres romains. Tant bien que mal, le successeur de Caligula, l’empereur Claudius qui régna entre 41 et 54, réprime les émeutes et publie deux édits: dans l’un, il réaffirme les droits des Juifs d’Alexandrie de garder leur religion et leur chef de communauté, tout en ordonnant aux deux ennemis jurés de maintenir la paix. Dans un autre édit, publié dans le monde entier, Claudius réaffirme les mêmes privilèges au reste des Juifs de l’Empire romain. Il se prononce également en leur faveur dans leur dispute avec les Samaritains et bannit le procurateur en fonction. Influencé par son amitié avec la famille du célèbre général Agrippa, le grand condottiere prit des mesures pour garantir les droits des Juifs dans d’autres parties de l’empire, réprima les troubles contre eux à Alexandrie et fit restaurer leurs privilèges.

Empereur Claudius

Cependant, il a été rapporté par certains historiens que l’empereur Claudius aurait curieusement tourné sa veste par la suite. Il ordonna alors  aux Juifs de ne pas tenir de réunions à Rome dans les synagogues, de ne pas se livrer à certaines activités qui, si elles étaient menées, attireraient sa «colère» contre eux !!! Il leur recommanda aussi de ne pas faire campagne pour obtenir plus de privilèges qu’ils n’en possédaient  déjà.  Très en pétard, l’empereur tenta à travers toutes sortes de menaces de restreindre l’expansion juive dans l’intention de limiter tout nouveau trouble religieux ou politique. Ces multiples interdictions  n’ayant pas réussi à étouffer l’ardeur jamais démentie des hébreux aurait finalement conduit Claudius à expulser les Juifs de Rome.

Le prochain chef après Claudius est Néron de 54 à 68, empereur reconnu par les juifs et chrétiens comme un persécuteur de leur culte, ces derniers l’assimilant à l’Antéchrist. La Grande Révolte a éclaté en Judée dans l’été 66,  très complexe, car le résultat de  diverses motivations et manipulations : alourdissement fiscal, terrorisme des sicaires (dissidents juifs extrémistes), contre-terrorisme des Romains et ressentiments entre le bas clergé et le haut clergé. De bonnes raisons qui se mélangeant aux prédications apocalyptiques, permettent de mobiliser les foules.

Une fois les Romains vaincus et la première contre-offensive repoussée, la population locale se sépare en  plusieurs groupes sans parvenir à s’entendre. Dès l’hiver 68, les querelles tournent à la guerre civile et ensanglantent le pays. Missionné par Néron afin de réduire l’insurrection le général Vespasien encercle Jérusalem et attend que les Juifs épuisent leurs forces vives. Au cours des dernières semaines, ces luttes entre partis rivaux  mènent à l’incendie des réserves de vivres dans la cité assiégée, qui tombe enfin malgré une résistance acharnée. En 70 de notre ère un chef d’armée, prénommé Titus dirige les légions romaines et reconquiert la ville de Jérusalem. Au cours des combats de rue, la cité est détruite et le second Temple de Jérusalem, connu également sous le nom de temple d’Hérode, est incendié.

Destruction de Jérusalem en 70 de notre ère

Baisser les bras, s’écraser et pleurer sur la défaite n’est pas dans la mentalité juive. Les juifs savent se redresser, même sous la domination Romaine. Ils reprennent leurs occupations et bossent avec acharnement pour se sortir d’affaire. Alimenté par l’envie et la jalousie, l’antisémitisme s’endurcit.  Les juifs sont accusés de toutes sortes de péchés …Cupidité, malhonnêteté. Tous des voleurs… Délation et mensonges amplifiés au fil  du temps, se perpétuent  jusqu’à nos jours.

Beaucoup d’entre vous connaissent en détails les évènements de cette époque, mais je pense que de les synthétiser comme je le fais sur mon site -Abraham et Anne-Marie- nous aidera à lutter ensemble contre l’antisémitisme qui continue à s’exercer dans la violence des milliers d’années plus tard. Aujourd’hui en 2021 Israël reçoit des roquettes sur ses territoires et quand les Israéliens répondent, le monde entier les accuse de bellicisme.

Hier un monsieur bien-pensant m’a appelée alors que j’étais bouleversée car je venais d’apprendre une terrible nouvelle de Tel Aviv, deux amis proches étaient morts lors des combats qui se déroulent actuellement en Israël, il m’a répondu :- Les Juifs récoltent ce qu’ils ont semé. – De quelle faute sont-ils coupables ? En quelle circonstance ? Doivent-ils se laisser tirer dessus – Sans rien dire. Sans rien faire ?

FIN DU 6ÈME ÉPISODE

7 ÈME ÉPISODE : APRès LA DESTRUCTION DE JÉRUSALEM

Avec le 7ème épisode, on comprend que la chute de Jérusalem ne suffit pas aux romains, ils veulent plus, ils veulent la victoire totale.
La guerre Judéo-Romaine continue. Bien que les Juifs résistent et se battent pour conserver leur pays, les  Romains envahissent divers territoires proches de Bethléem, et d’autres situés sur la rive Est de la mère morte. Puis, après en avoir chassé les Juifs, l’armée Romaine commandée par Titus assaille la Palestine, s’empare de Massada et remporte la victoire en 74.

Guerre Judéo-Romaine

Plutôt que de se rendre, bon nombre de Juifs se suicident avec femmes et enfants, les autres partent vers l’inconnu.
Après la chute de Jérusalem, puis celle de Massada, c’est à nouveau la Diaspora plus intense qu’elle ne l’était au VIème siècle avant Jésus Christ. Elle va contribuer à la diffusion de la culture juive à travers de nombreuses régions de l’Empire romain, notamment en Égypte, à Alexandrie, et dans d’autres grandes villes de la Méditerranée comme Rome, Antioche et Carthage. Les communautés juives vivantes dans ces régions conservent des liens forts avec Jérusalem et leurs racines religieuses, malgré la perte de leur Temple.
Le territoire juif devient une province impériale Romaine : la Judée, directement  administrée par un empereur Romain Titus.

Titus Tatius

Les Juifs conservent quelques places fortes dont Hérodion, palais-forteresse où est enterré Hérode sur la rive Est de la mer Morte. Des vétérans de l’armée Romaine y fondent plusieurs colonies.
La chute de Jérusalem en 70 avant J-C ne marque pas la fin de la guerre car l’empereur des romains, Titus,  charge son armée de réduire les dernières poches de résistance en Israël. Il faut attendre 3 ans pour que le nouveau dirigeant du peuple romain, Flavius Silva, puisse s’emparer de Massada, autre palais-forteresse du roi Hérode situé au-dessus de la Mer morte. 

La détresse des juifs grandissant, afin d’éviter de se rendre comme des lâches; des hommes, des femmes, des enfants se donnent la mort.
À Césarée, les détenus subissent le pouvoir haineux de Titus qui les utilisent comme gladiateurs pour les jeux du cirque dans des combats les opposant à des animaux sauvages tels que des lions ou des tigres. Ces duels entre humains et bêtes féroces divertissaient dans l’hilarité la population romaine. 
-De nos jours, on dirait que rien n’a changé, les terroristes du Hamas pourchassent comme du gibier les jeunes juifs et les exécutent avec des hurlements de joie.- 

Après 74, les juifs vivent alors une lourde période de répression romaine et de changements sociaux, colonisation romaine de la Judée désormais gouvernée par un procurateur romain qui impose aux juifs son administration et ses lois renforçant la présence militaire pour prévenir toute nouvelle révolte. Suite à la répression romaine, les villes de Judée sont contraintes d’adopter les caractéristiques de l’occupant, notamment en termes d’architecture, de culture et de religion. Par ailleurs, les juifs subissent des impôts de plus en plus lourds, pour financer le temple de Jupiter à Rome qui doit remplacer le temple de Jérusalem dont on a volé les objets : une table… des chandeliers en or… des flambeaux… 

Cependant, dans les années 80-90 après J-C, se développe la monté de la Diaspora Juive et le début de la reconstruction communautaire : Les juifs dispersés forment des communautés vivantes à travers l’Empire. Les juifs sont tenaces et rebondissants, dans les villes à Rome, Alexandrie, ou Antioche, ils continuent à pratiquer leur foi et à maintenir leurs traditions. Malgré la destruction du Temple, ils organisent autour des synagogues, des centres religieux et communautaires où des Rabbis structurent l’enseignement de la Torah et des lois juives perpétuant dans la survie l’adaptation du judaïsme. La résilience est la grande qualité des juifs.

La synagogue de Rome: le lieu sacré des juifs

FIN DU 7ÈME ÉPISODE

Comme vous avez pu le constater, dans ce 7ème épisode d’« Abraham et Anne-Marie », les juifs n’ont pas cessé de subir l’antisémitisme depuis le début de notre ère. Va-t-il s’amplifier, ou s’estomper progressivement avec le temps ? Nous le découvrirons au cours des prochains épisodes. Tout comme vous, j’ose espérer que les vérités incontestables évoquées dans ce site, nous aiderons à émerger de l’Antisémitisme qui ronge le monde depuis des siècles ! 

Je vous remercie pour votre attention, et vous dis toute mon amitié. Anne-Marie Mitterrand

8 ème ÉPISODE : DE MASSADA À AELIA CAPITOLINA

Après la chute de Massada en 74 après Jésus-Christ, dernière forteresse juive tombée aux mains des Romains, la Judée s’enfonce dans le silence et la désolation. Les légions de l’empereur Vespasien, commandées par son fils Titus, ont détruit Jérusalem, brûlé le Temple et dispersé la population. La Judée devient une province impériale directement administrée par Rome. Les impôts augmentent, les cultes païens s’imposent et l’armée occupe chaque carrefour. Le peuple juif semble anéanti. Pourtant, sous les ruines, quelque chose résiste : la foi. Quoi qu’il arrive, les juifs ne trahiront pas leur religion et leur culture qu’ils veulent transmettre jusqu’à la fin du monde.
Privés de Temple et de prêtres, les Juifs décident de sauver leur religion en la transformant. Sous la direction du sage Yohanan ben Zakkaï, Père du judaïsme rabbinique, l’un des grands érudits du Ier siècle, fonde un groupe de maîtres vers 90 après J-C, et une école à Yavné, petite ville côtière située au sud de Jaffa qui devient cœur intellectuel du peuple juif en exil. Autour de lui, d’autres érudits, comme Rabban Gamaliel II, petit-fils du célèbre Gamaliel cité dans les Évangiles, réorganisent la vie spirituelle du peuple. La lecture, la prière et l’étude remplacent les sacrifices. C’est là que naît le judaïsme rabbinique, celui de la parole, de la transmission et de l’étude : un judaïsme sans Temple, mais vivant, enraciné dans les synagogues et la mémoire collective. Jamais un juif ne s’aviserait de trahir ce rabbin au regard si émouvant et désemparé.

Rabbi Yohanan Ben Zakkai et Abba Sikra.

Pendant ce temps, Rome prospère. De nouveaux empereurs se succèdent : Trajan, puis Hadrien en 117 après J-C. Ce dernier, cultivé, passionné d’architecture et d’ordre, décide d’imposer la paix romaine par la force. Il rêve d’un empire unifié, romanisé, sans résistance locale. En Judée, il interdit certaines pratiques juives, notamment la circoncision, qu’il considère comme une mutilation barbare. Il est vrai que cette pratique peut paraître quelque-peu sauvage dès lors qu’elle est appliquée à son propre enfant huit jours après sa naissance.

Pour achever son œuvre, Hadrien conserve son autorité afin de rebâtir Jérusalem à l’image de Rome : rues droites, temples païens, juif du Ier siècle statues impériales. La nouvelle ville doit s’appeler Aelia Capitolina (Aelia étant le nom de sa famille, Capitolina en l’honneur du dieu Jupiter Capitolin).

Ce projet déclenche la fureur. Comment accepter que le lieu le plus sacré du judaïsme devienne un sanctuaire païen ? En 132 après J-C, la colère éclate. À la tête des insurgés se trouve Shimon Bar Kokhba, jeune chef militaire courageux, admiré pour son charisme et son sens de la stratégie.
Le grand rabbin Akiva ben Yossef, l’un des plus respectés de son temps, voit en lui le Messie d’Israël et appelle à le suivre. L’insurrection s’étend : des villages entiers rejoignent la résistance, les ateliers forgent des armes, et des pièces de monnaie sont frappées au nom de « La Liberté d’Israël » avec des inscriptions en hébreu et des symboles du Temple — preuve d’un peuple qui voulait encore croire à sa renaissance. Pendant trois ans, la Judée se soulève et parvient à repousser plusieurs légions romaines. Il faut avouer que la pièce est rutilante !

Pièce de monnaie de la révolte de Bar Kokhba portant l’inscription « Jérusalem » et l’image d’un palmier dattier.

Mais Rome n’oublie jamais une humiliation. L’empereur Hadrien envoie alors son général Sextus Julius Severus, connu pour sa brutalité, à la tête de dizaines de milliers de soldats venus d’Égypte, de Syrie et même de Bretagne. La répression est d’une cruauté inouïe. Les villes des populations juives sont incendiées, les champs rasés, les habitants massacrés. L’historien Cassius Dion rapporte que plus de 580 000 Juifs furent tués et des centaines de villages détruits. En 135 après J-C, la révolte est écrasée. Bar Kokhba meurt au combat, Rabbi Akiva est torturé puis exécuté, et les survivants sont réduits en esclavage. Cet Empereur a une âme de tortionnaire. Pour achever la punition, il a l’audace inhumaine de transformer définitivement la Judée.

Jérusalem est rebaptisée Aelia Capitolina, la province devient la Syria Palaestina, comme pour effacer jusqu’au nom d’Israël. Sur l’emplacement du Temple, un sanctuaire dédié à Jupiter est élevé. Les Juifs sont interdits d’accès à Jérusalem, sauf un jour par an, pour venir pleurer sur les ruines de leur ville sainte. Ceux qui tentent d’y retourner risquent la mort.

Le temple de Jupiter, ruines romaines

Et pourtant, le peuple juif survit. Dispersés à Alexandrie, Antioche, Babylone ou Rome, les exilés fondent des synagogues, des écoles et des maisons d’étude. La Torah devient leur territoire, la prière leur maison, la mémoire leur capitale. Là où Rome voulait imposer le silence, la parole se perpétue.
L’histoire d’un peuple qui refuse de disparaître recommence à nouveau. Le peuple juif ne se laisse pas abattre quoi qu’il advienne.

FIN DU 8ÈME ÉPISODE